Notes sur le rire by Inconnu(e)

Notes sur le rire by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai
Publié: 2013-05-20T01:53:53+00:00


Et, sur ce, Zidler l’engagea. Sur les affiches on lisait :

Tous les soirs, de 8 heures à 9 heures,

LE PÉTOMANE

Le seul qui ne paie pas de droits d’auteurs !

Zidler mit le pétomane dans l’éléphant du jardin(1) on s’écrasait pour l’“entendre”, et les cris, les rires, les spasmes des femmes, les hurlements hystériques s’entendaient à cent mètres du Moulin-Rouge. Et quand le pétomane voyait cette foule ainsi secouée, il criait : “Un ! deux ! trois ! En chœur !…” Et le chœur, se joignant à lui, la salle était alors en “convulsions”. »

Les recettes du pétomane atteignaient mille louis le dimanche.

Il est à remarquer que les fonctions naturelles ne font pas rire les sauvages, chez qui elles s’accomplissent au grand jour, et fort librement. Celui qui les satisfait en public n’est donc pas en état d’infériorité. C’est chez les peuples les plus raffinés que l’exercice public des fonctions naturelles, ou l’aveu de leur dérangement, fera rire le plus de gens.

Une autre cause de rire, ce sont les différences sociales.

Les mésaventures du général, de l’évêque, du maire sont plus comiques que celles du clochard.

On se souvient du président de la République qui tomba d’un train, dans la nuit. Ce fut une affreuse tragédie : cet homme intelligent et bon, élevé par le vote de ses pairs à la plus haute magistrature de notre pays, luttait désespérément contre la folie et la mort : on en fit des chansons comiques, et toute la France fut prise de fou rire.

Certes, il n’avait pas d’ennemis : mais quelle joie de se sentir un instant supérieur à un autre homme qui était président de la République, qui avait son train spécial, et qui finit par arriver, en chaussettes, au milieu de la nuit, dans le chalet d’un garde-barrière !

La même aventure, si elle fût arrivée à un retraité des Postes, n’eût jamais paru comique à personne.

De même, les farces faites au maître d’école font rire les élèves, parce qu’il est censé les commander ; et de toutes les personnes qui ont mis leur culotte à l’envers, depuis que l’homme porte culotte, seul le bon Dagobert est devenu un personnage comique, parce qu’il était roi.

Viennent ensuite les différences intellectuelles.

La faute d’orthographe d’un candidat au certificat d’études ne fait rire personne. Nous n’avons pas besoin de constater publiquement notre supériorité sur cet enfant, nous n’en ressentons aucune fierté.

Mais la faute d’orthographe d’un professeur fait rire ses élèves, celle d’un académicien, chargé du dictionnaire, fait rire les professeurs.

Le paillasse de la foire parle du « cocodrille », et j’entends rire plusieurs personnes, qui sont assez fières de savoir que l’on doit dire « un crocodile ». Pour moi, je sais que mon instruction me préserve de pareilles erreurs, et je ne me réjouis pas de me sentir intellectuellement supérieur au personnage illettré que joue ce clown.

Revenons maintenant à l’absurde aventure du boucher et du préfet.

Pourquoi tous les spectateurs ont-ils ri ? Quelles étaient leurs supériorités ? Et d’abord, qui étaient ces spectateurs ?

Il y en avait un grand



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